jeudi 25 août 2016

Entretien Claude Viallat / Nicolas Exertier

Claude Viallat dans son atelier à Nîmes (© Nicolas Exertier)
Nicolas Exertier : Depuis 1966, vous avez utilisé une multitude de supports différents. On pourrait avoir l'impression que vous avez eu recours à tous les tissus possibles. J'aimerais savoir s'il y a des supports qui vous résistent encore ? Existe-t-il des matériaux que vous n'aimez pas, des matériaux qui ne s'adaptent pas à votre manière de peindre ?

Claude Viallat : Je n'utilise pas par principe les tissus qui ne prennent pas la couleur. Je n'utilise pas beaucoup de toiles imperméabilisées par exemple ; encore que j'en utilise certaines qui sont légèrement imperméabilisées. A force de frotter et d'user le support, on peut arriver à faire tenir la couleur qui va donner une matière perlée en surface. Je ne suis pas quelqu'un qui va essayer de trouver la couleur la plus adéquate pour un tissu donné. Je n'utilise pas par exemple de la toile pour sérigraphie parce qu'il me faudrait prendre de l'encre sérigraphique. Je pourrais en utiliser, bien sûr, et j'en utilise d'ailleurs quand je vais dans un atelier de sérigraphie dans lequel on me donne tout le matériel requis pour faire une sérigraphie directement à la main. Mais au quotidien, je suis trop paresseux pour aller chercher un matériau adéquat. J'aime bien prendre les choses que j'ai sous la main et travailler à la fois sur des tissus et des couleurs qui a priori ne me posent pas trop de problèmes techniques. Il faut qu'il y ait, d'une manière générale, un accord sensuel entre le support et moi. C'est une question de plaisir. Il faut ensuite qu'il y ait une certaine adéquation matérielle entre la peinture et la toile. Pendant un temps, je n'utilisais pas de cordes de nylon. J'en utilise d'ailleurs toujours très peu. Pour que je puisse les utiliser, il faut que les cordes de nylon soient très usées, il faut qu'elles soient déjà organisées de manière à ce que je les peigne comme je peins un morceau de bois. Mais s'il me fallait prendre une corde neuve et travailler avec, eh bien, je ne le ferais pas. Je trouve que je perdrais trop de temps. Je préfère travailler avec ce que j'ai sous la main.

NE : J'imagine que le fait que le matériau ait déjà vécu permet d'instaurer plus aisément un certain dialogue avec lui.

CV : C'est exact.

NE : Si le matériau était neuf, aucun dialogue substantiel ne s'instaurerait. Il n'y aurait plus que le "monologue" du peintre.

CV : Oui bien sûr. A ce moment là, ça biaiserait le sens de mon travail. Celui-ci consiste plutôt à mettre les choses ensemble sans idées préconçues. Il m'arrive parfois de dire, au risque de sembler provocateur, que je ne peux pas rater une toile.

NE : Penser que vous puissiez rater une toile vous semble être une illusion idéaliste ?

CV : Oui. ça voudrait dire que j'ai une idée précise en tête et que la toile « réussie » est une toile à laquelle j'ai imposé cette idée.

NE : Si l'idée préconçue ne s'incarne pas, la toile sera qualifiée de « ratée ».

CV : C'est ça. Mais si on agit ainsi, si on accepte ce type de critères, on aboutit inévitablement à un trucage. On ne reconnaît pas la spécificité du tissu. Le dialogue avec le tissu ne s'instaure pas et la peinture repose alors sur des faux-semblants. Malgré tout, en dépit de ce respect pour le matériau, je dois dire que n'ai pas cette espèce de culture du ready-made. Du moins, pas trop ou le moins possible. Parfois on m'apporte des nœuds mais je ne les utilise qu'en les distordant, qu'en les retravaillant. Parfois, je fais moi-même les nœuds, seul et à ma manière. En d'autres occasions, je me fais aider.

Atelier de Claude Viallat à Nîmes, le 6 juillet 2016 (© Nicolas Exertier)
 
NE : Pour rejoindre ce que vous disiez à l'instant, il y a donc un dialogue avec l'état du matériau tel qu'il est, avec son usure spécifique, les traces de son histoire plus ou moins hasardeuse. Cela me rappelle qu'au départ de votre travail il y a eu également une certaine acceptation du hasard.

CV : Oui c'est sûr.

NE : Puisque la forme aux accents matissiens qui vous caractérise - cette forme en palette, en éponge, en fève, en osselet, en dos de femme comme l'on préfère - est elle-même issue du hasard. Il s'agissait, si mes souvenirs sont justes, d'une forme approximative de palette découpée dans de la mousse de polyuréthane que vous avez mise dans de la javel et qui s'est ainsi altérée.

CV : Oui c'est ça. C'était une plaque de mousse, de la mousse d'emballage.

NE : Il y a donc au principe de vous travail cette acceptation du hasard et de ses possibilités transformatrices. Cela me rappelle que vous avez connu Raoul Hausmann.

CV : Oui très bien.

NE : A l'époque, vous étiez à Limoges. En quelle année était-ce ?

CV : Ecoutez : il est mort en 1972. Je l'ai connu les dernières années de sa vie.

NE : Vous a-t-il influencé ?

CV : Oui, beaucoup.

NE : Pouvez-vous resituer en quelques mots le contexte de cette rencontre avec Hausmann ?

CV : Je suis arrivé à Limoges parce que j'avais au préalable été « limogé » des Beaux-Arts de Nice. L’État m'avait demandé de quitter cette école et le directeur de Limoges m'avait récupéré avec interdiction formelle d'enseigner la peinture parce que, paraît-il, je déformais les étudiants en les faisant peindre. Pendant un an, le directeur de Limoges m'a pris exclusivement comme professeur de dessin. Limoges était pour moi une terre difficile parce que très humide. Comme vous savez, je suis quelqu'un d'habitué à la garrigue. Arrivé là-bas, il me semblait y avoir de l'eau partout. Je me retrouvais un peu seul dans cette ville. Raoul Hausmann venait de faire une exposition au Moderna Museet et un jour, j'ai rencontré Rabascall [le peintre catalan] qui m'a dit qu' Hausmann habitait justement à Limoges. Fort de cette nouvelle, je suis allé voir les facteurs et par les facteurs, je suis arrivé jusque chez Raoul Hausmann. J'ai trouvé un homme qui était âgé, bien sûr. Il perdait la vue, il était pratiquement aveugle et il vivait avec sa femme et sa maîtresse dans un appartement de deux pièces, très à l'étroit. Il vivait des subsides de guerre. Jean Arp lui donnait une pension. Il recevait de l'argent de l’État Allemand et de temps en temps, il y avait une galerie de Milan qui venait, qui chargeait des toiles et qui repartait. Voilà, donc : tout ceci pour dire qu'il vivait de manière extrêmement chiche. C'était un homme extraordinaire, un intellectuel qui m'a accepté en tant que jeune artiste. Je l'ai vu régulièrement. On discutait de philosophie et de peinture en général, on discutait d'un tas de choses. A l'époque, c'était le moment où j'étais à Supports / Surfaces mais dans des conditions un peu particulières parce que j'habitais à Limoges. Supports / Surfaces, à Paris, cela se passait mal. J'avais quitté mes amis. Saytour était à Nice. C'était le moment où d'une part Tel Quel avait une grande importance pour Supports / Surfaces et où, en définitive, on commençait à trouver que Tel Quel prenait trop de place par rapport à notre travail. J'ai vu régulièrement Raoul Hausmann jusqu'à son décès.

NE : Que faisait-il à cette époque ?

CV : Il faisait une peinture spontanéiste. Il se disait spontanéiste. En fait, son travail se développait dans plusieurs directions. Étant donné qu'il perdait la vue, Hausmann travaillait de manière tactile. Il travaillait beaucoup sur des papiers Canson, des pochettes de papier Canson. Les pochettes de papier Canson, c'est très limité. C'est noir, rouge et blanc. Peut-être jaune... Mais c'est vraiment très limité. Hausmann faisait des collages en déchirant son papier ainsi que des photos qu'il avait tirées ; pour l'essentiel des vieilles photos. Il utilisait des houppes à poudre, des plaques de plastique d'emballage (de plastique un peu rigide qui se casse, pas de plastique souple) et puis de baguettes de riz ou de Mikado. Il travaillait avec les doigts en fonction du côté. Il évaluait tactilement la distance séparant les formes des limites du support. C'est comme ça qu'il déterminait leur place sur le fond noir ou rouge du papier Canson. L'image n'était pas quelque chose qui le préoccupait. C'était essentiellement un jeu tactile, une opération de prise de possession de l'espace avec les doigts. En dépit de sa quasi cécité, il travaillait beaucoup. Quand il faisait des dessins au feutre, également sur papier Canson, il travaillait parfois à partir de lettres ou de mots. Il employait alors de manière récurrente le terme « Dada ». En parallèle, il réalisait également des dessins plus "esthétisants" pour lesquels il travaillait à partir de courbes ; même chose dans ses peintures. Il y avait aussi des peintures qui étaient plus figuratives mais extrêmement sommaires et d'autres peintures, enfin, qui étaient "expressionnistes-allemandes-abstraites". Voilà, parmi les peintures qu'il avait, les directions principales. Et dans les dessins qu'il réalisait, c'était un peu la même chose. Je lui lisais parfois des textes.

NE : J'imagine que vous pouviez également lui décrire...

CV : Oui. Je pouvais lui décrire mes toiles. Je lui en avais donné l'une ou l'autre. Il pouvait les toucher mais...

[…]

NE : Dans les musées, il y a une convention tenace qui veut que l'on accroche les œuvres en suivant une ligne du regard qui est censée se situer à 1,52 mètre ou 1,55 mètre, je ne sais exactement...

CV : Oui, oui. Je n'ai jamais suivi ce type de règles. C'est toujours ma peinture qui commande l'accrochage. Si je prends une toile, je peux la présenter d'un seul côté ou bien recto-verso c'est-à-dire accrochée contre le mur ou flottant dans l'espace. Dans l'espace, l'accrochage peut encore être diversifié. On peut accrocher la peinture par trois de ses côtés ou bien par un seul pan voire même par un seul coin, en essuie-main. La toile peut aussi être pliée et présentée en paquet à même le sol. Il n'y a pas de problème.

NE : L'interprétation que l'on pouvait faire de l’œuvre pouvait se modifier au gré des accrochages ?

CV : Non, je ne pense pas. Pour vous répondre il faut que je remonte un peu plus loin. En 1967-1968, aucune institution n'envisageait alors de présenter notre travail. Les seules possibilités que l'on avait de le montrer étaient celles qu'on se donnait. Les lieux où l'on pouvait montrer ce travail étaient donc les lieux que l'on avait à notre disposition ou les lieux qu'on parvenait à se procurer. La plupart du temps, c'était aussi bien en extérieur qu'en intérieur. Quand on a une salle, on a un volume et on doit travailler le volume. Quand on est en extérieur, on doit travailler une circulation. Un volume et une circulation... Ce sont des réalités tout à fait différentes. Le fait de mettre une toile en extérieur fait que cette toile doit avoir certaines qualités. Il faut qu'elle ait une grande souplesse pour pouvoir prendre les courants d'air et ne pas rester rigide dans l'espace. Elle doit montrer toutes les possibilités de flottement qui lui sont inhérentes. Pour produire cela, il faut que l'image qu'elle porte ait des qualités qui ne soient pas modifiables. Le pliage de la toile ou son déplacement au gré du vent ne doit pas modifier l'image donnée ou si vous préférez l'image convenue au départ. Même si on voit la toile se déplacer, même si celle-ci subit des déformations, on a toujours en tête la convention de l'image initiale. C'est le principe de tous les tissus que l'on met dans l'espace extérieur. Donc, pour cette raison, le fait d'avoir un travail qui soit convenu au départ, accepté au départ et qui joue sur la récurrence est une qualité pour exposer en extérieur. Si vous exposez une perspective, l'image d'une perspective sur un tissu, vous aurez du mal à voir l'image de la perspective ou des figures à cause des effets de distorsion du support. Il fallait donc que l'image soit sommaire, qu'elle soit récurrente et qu'elle passe dans un système. Et que ce soit le travail de Saytour, que ce soit les travaux de pliage réalisés par plusieurs d'entre nous ou mon travail de répétition, tous tendent à fonctionner ainsi. A partir de là, on a une grande liberté. Une toile peut être présentée de multiples manières - en fonction de l'espace dans lequel on travaille - mais cette multiplicité d'accrochages possibles n'altère pas de façon notable l'interprétation et, par extension, le sens du travail.

A Nîmes, le 06 / 07 / 2016
© Nicolas Exertier

lundi 11 juillet 2016

"Sehyong, "Marche et Toile Libres", Néon, 23 Juin - 1er Octobre 2016"

Sehyong, "Marche et Toile Libres" (vue d'exposition), Néon, 2016. (Photo Anne Simonnot)
 
Sehyong présente à la galerie Néon du 23 juin au 1er octobre 2016 une série de peintures sur toiles libres. Ces œuvres semblent faire peu de cas des divisions usuelles opposant figuration réaliste et abstraction. Tous les motifs peints, aussi « abstraits » puissent-ils paraître, ont de fait été échantillonnés dans la ville (en l'occurrence à Lyon) durant des promenades méditatives avant d'être restitués sur toile, tels quels, sans idéalisation. L’œuvre prend appui sur ce qui en temps normal tend à échapper à la vue, qu'il s'agisse de taches d'huile sur le bitume, des ruines d'un bâtiment en cours de destruction, d'un marquage à la peinture sur un mur ou plus généralement de détails urbains faussement insignifiants. On en vient à se demander si elle n'incarne pas à sa manière la définition du réalisme que proposait Courbet : « Le fond du réalisme, c'est la négation de l'idéal ». En effet, chaque peinture fuit les structures idéales et préfère accueillir en son sein le réel tel qu'il est. Le titre révèle l’adresse du lieu spécifique où le motif a été trouvé. Le regardeur peut donc, s'il le souhaite, se rendre sur place. Il faut toutefois noter que les motifs choisis sont soit permanents soit éphémères. Il est parfois aisé de les localiser mais en certaines occasions c'est impossible. Cela dépend du motif. 
On doit ici insister sur le triple nomadisme impliqué par cette pratique : nomadisme de l'artiste (le motif a été trouvé en marchant), nomadisme implicite de la peinture elle-même (l’œuvre est aisément transportable car non-montée sur châssis) et nomadisme du regardeur (renvoyé par le titre à l'origine du motif et, de ce fait, invité à se déplacer).

Sehyong, 233 rue André Philip, Acrylique sur toile, 174 x 119 cm (2016)
Collection privée
 
Ces œuvres se présentent fréquemment sous la forme de diptyques : une toile peinte à l'acrylique (donnant à voir le motif) accompagnée d'une toile monochrome réalisée par teinture . La toile monochrome dérive en général d'une couleur présente sur le motif. L'artiste conserve le froissement des surfaces résultant du processus de teinture ainsi que le pliage de la toile produit en usine. Le pliage géométrique ready-made d'une surface dialogue par conséquent avec le froissement chaotique d'une autre. Tout ici est en relation de dialogue. Ce dialogue s'instaure d'ailleurs également avec l'histoire de l'art : le Dansaekhwa, Jean Degottex et Claude Viallat. 
ll est toutefois clair que cette peinture se distingue du « Zombie Formalism » en vogue aux USA depuis quelques années. Loin d'être une pratique autoréférentielle, la peinture de Sehyong se construit au contraire au gré d'un rapport permanent avec la ville. Par le passé, cela s'était essentiellement exprimé à travers des installations urbaines discrètes et éphémères. Ce type d'interventions était rassemblé sous le titre générique de Microchoc. (On se référera par exemple à la série des Monochocs : des peintures monochromes minuscules de la même couleur que le mobilier urbain qui leur sert de support.) 
Sans prétention à conclure, disons que ce qui dans ce travail est fascinant, c'est sans doute cette curieuse alliance entre une disposition à la flânerie (s'inscrivant dans la lignée de Baudelaire ?) et un état d'esprit zen qui accepte le réel sans désir de modification.

Sehyong est née en 1987 à Gyeongju (Corée du Sud). Elle vit et travaille à Lyon
 
Sehyong, 73 cours Lafayette, Multiple (14 exemplaires), 6 x 6 x 6 cm. (Photo Valentin Defaux)
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English version :

From June 23rd to October 1st, 2016, Sehyong will be displaying a series of paintings on unstretched canvases in the Néon gallery. These artworks seem to pay little attention to the usual divisions that oppose realist figuration and abstraction. All of the painted motifs, as “abstract” as they may appear, have in fact been sampled from the city (in this case, Lyon) before being restituted on canvas, unaltered, without any idealisation. The artwork draws upon that which, in the normal course of things, tends to escape our view, whether it be oil stains on tarmac, the ruins of a building in the process of being demolished, painted markings on a wall or, more generally speaking, falsely insignificant urban details. We come to ask ourselves if it doesn't embody in its own way the definition of realism as proposed by Courbet: “The foundation of realism is the negation of the ideal”; In effect, each painting flees ideal structures and prefers to host within itself the real as it is, unaltered. The title reveals the address of the specific place where the motif was found. Thus the watcher can, if he or she wishes, visit the place. It is important to note that the patterns chosen are either permanent or ephemeral. It is sometimes easy to find them, but on certain occasions it is indeed impossible. It depends on the pattern.
 
Sehyong, "Marche et Toile Libres" (vue d'exposition), Néon, 2016. (Photo Jules Roeser, Léa Stoll)
 
We must insist here upon the triple nomadism implied by this practise: the nomadism of the artist (the motif was found while walking), the implicit nomadism of painting itself (the artwork is easily transportable as it has not been mounted on a frame) and the nomadism of the watcher (the origin of the pattern is referred to in the title and, because of this, the watcher is invited to move).
These artworks are frequently presented in the form of a diptych: a canvas painted using acrylic (showing the pattern) accompanied by a monochrome canvas made using dye. The monochrome canvas in general is derived from a colour present in the pattern. The artist conserves the folds and wrinkles in the surfaces that are the result of the dyeing process and the folding of the industrially produced canvas. The ready-made geometric folding of a surface consequently dialogues with the chaotic wrinkling of another. Everything here is in a relationship of dialogue. The same dialogue is also instigated with the history of art : Dansaekhwa, Jean Degottex and Claude Viallat.
 
Sehyong, "Marche et Toile Libres" (vue d'exposition), Néon, 2016. (Photo Jules Roeser, Léa Stoll)    
 
It is nonetheless clear that this painting differs from the “Zombie Formalism”, that has been in vogue in the U.S.A. for a number of years. Far from being a self referential practise, the painting of Sehyong is constructed, on the contrary, with respect to a permanent relationship with the city. In the past, this was essentially expressed through discreet and ephemeral urban installations. These types of intervention were grouped together under the generic term Microchoc, (We can refer, for example, to the Monochocs series: minuscule monochrome paintings with the same colour as the urban furniture that was used as their medium.)
With no intention of providing a conclusion, let us name what is fascinating in this work, it is certainly this curious alliance between a disposition for wandering (following the same line as Baudelaire?) and a zen state of mind that accepts the real with no desire to modify it.

Sehyong was born in 1987 in Gyeongju (South Korea). She has lived and worked in Lyon since 2011.
 
 
Translation : Derek Byrne
© Nicolas Exertier